Tout d’abord, en termes de performance économique ou de capacité à faire.
Demander à ses collaborateurs, à ses salariés de le faire en quatre jours, n’altère pas la rentabilité, le chiffre d’affaires. La semaine de quatre jours n’est pas synonyme de régression en termes de performance économique.
Ensuite, nous avons mené plusieurs expérimentations dans plusieurs secteurs d’activités : les travaux publics, l’industrie ou le tertiaire. Il en résulte que quasiment aucune entreprise, donc aussi dirigeants que salariés, ne veulent revenir en arrière. Par conséquent, le consensus qui existait pour tenter de mettre en place la semaine des quatre jours fonctionne. Et, que les parties prenantes de l’entreprise n’ont pas l’idée de revenir à la situation antérieure. Ce qui prouve que globalement cela va dans la bonne direction.
Enfin, et de façon unanime, la semaine de quatre jours repose véritablement sur un accord d’entreprise. Elle repose sur une préparation en amont et des discussions internes entre dirigeants et salariés pour mettre en place cela.
Ainsi, après six mois de réflexion, j’émets l’idée de prendre du recul sur l’organisation de la semaine en quatre jours. Il ne faut pas la mythifier totalement. Il ne faut pas considérer que c’est le vadémécum et que ça sera la réponse à tous les maux. Mais, je dis également qu’il ne faut pas la stigmatiser. Et, il y a encore des détracteurs qui considèrent que la semaine de quatre jours équivaut à travailler moins. C’est totalement faux.
Mon raisonnement est le suivant. Je n’ai pas considéré que la semaine en quatre jours équivalait à une réduction du temps de travail. Je suis parti sur le même volume horaire hebdomadaire. Par ailleurs, en suggérant que la semaine soit en quatre jours. Supposons qu’elle soit organisée en quatre jours à 9h. Cela générerait 36h de production par an. 36h c’est une heure de plus par rapport à la durée légale de 35h. Sur environ 40 semaines, cela représente, de la part des collaborateurs, l’équivalent d’une semaine de production en moyenne par an. C’est la raison pour laquelle je pense qu’il ne faut pas stigmatiser et interdire cette solution. Il faut davantage l’encourager pour les entités administratives ou entreprises qui souhaitent organiser leur production, leur activité sous cette forme.
Ce n’est pas une hostilité. C’est le constat que nous n’avons pas besoin de loi. Actuellement, le Code du travail l’autorise. Ainsi, pourquoi légiférer pour rien ? On nous dit souvent que nous légifèrerons trop en France. Puisque la loi l’autorise, je ne vois pas l’utilité d’imposer un cadre normatif qui risquerait de limiter certaines possibilités. J’aurais imposé une loi si d’aventure, je souhaitais l’ordonnancer partout, l’imposer.
Nous avons un précédent, c’est la loi sur les 35h. Cette loi a été votée, s’applique à tous de façon mécanique, à mon avis, excessivement préjudiciable pour beaucoup de choses. Moi, ce n’est pas ma ligne. Mon objectif n’est pas d’imposer la semaine de quatre jours. Certains secteurs d’activité ou certaines entreprises ne peuvent tout simplement pas l’adopter. Pas besoin de loi pour mettre en place la semaine de quatre jours, ne pas l’imposer immédiatement en France.
Je rappelle que nous sommes encore dans une phase d’expérimentation de ce qu’il peut se passer. Je suis d’avis d’attendre un peu qu’il y ait des évaluations sur la performance économique. Mais également sur les salariés. Sur leurs conditions de travail, leur usure professionnelle. Ce n’est pas pareil de faire en quatre jours ce que nous faisons en cinq jours. C’est pourquoi je ne suis pas favorable à une intervention rapide du Parlement sur cette question.
De toutes les auditions que j’ai menées, il ressort que l’organisation du travail en quatre jours constitue un atout d’attractivité.
Pour des recruteurs, des services de ressources humaines, proposer des emplois avec cette organisation est, a priori, un élément d’attractivité. Et, ce au-delà de la rémunération ou d’éléments du contrat. Cela peut également être pour les collaborateurs en place un élément de fidélisation et éviter qu’ils partent ailleurs.
Nous voyons bien qu’il y a désormais cette appétence à travailler autrement. Dorénavant, la conciliation vie professionnelle / vie personnelle est plus importante pour le salarié. L’organisation en quatre jours peut être un moyen pour mieux recruter, fidéliser, voire identifier positivement l’entreprise.
Nous aspirons désormais à un autre management dans notre pays. Plus collaboratif, moins dans la subordination, davantage dans la volonté de coopérer. Pour que la semaine de quatre jours s’implante, il faut vraiment un accord de toutes les parties prenantes d’entreprise. Ainsi, en amont, il faut le travailler. Lorsque nous la mettons en place, il faut aussi s’assurer que tout se passe bien. Tout cela implique du dialogue interne à l’entreprise et une forme de dynamisation. Il faut modifier des choses, des process internes à l’entreprise. Comment faire en quatre jours ce que nous faisions en 5 ? Ainsi cela peut créer une dynamisation, une émulation. C’est un des éléments que j’avais jugé favorable. Il apporte un avantage à notre modèle économique et social.
Je rajoute un élément trop peu considéré. C’est également un élément très favorable pour l’égalité professionnelle femme-homme. Le temps partiel, c’est souvent pour les femmes. Notamment à 80% car elles souhaitent libérer le mercredi pour s’occuper des enfants. Par conséquent, cela fait 20% de salaire en moins. Avec la semaine de quatre jours, les femmes seraient à 100%. Cela peut permettre une forme d’émancipation, d’égalité. Si les femmes étaient rémunérées à 100 %, elles n’auraient plus besoin de sacrifier leur carrière. Elles pourraient mieux concilier travail et famille.
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