Dans cette dernière vidéo de l’année 2023 nous allons évoquer le sujet de l’emploi des seniors. Cette question est redevenue centrale avec la réforme des retraites. Le taux d’emploi des 55 – 64 ans s’est amélioré en passant de 40% en 2010 à 57% aujourd’hui. Cependant il reste en dessous de la moyenne européenne qui est à 62% voire à 70% dans les pays scandinaves. C’est dans ce contexte que le gouvernement a inscrit à l’agenda social, une négociation sur l’emploi des seniors. La première réunion aura lieu le 22 décembre avec un objectif d’aboutir d’ici le 30 mars. L’objectif du gouvernement est ambitieux car il s’agit de pousser le taux d’emploi des 60-64 ans, actuellement de 33%. Il faudrait qu’il atteigne 65% à l’horizon de 2030. Bien évidement sans creuser les dépenses publiques.
Pour évoquer ces questions de l’emploi des seniors, du recrutement des salariés expérimentés, des discriminations que subissent cette population, du maintien dans l’emploi des salariés expérimentés, j’ai le plaisir de recevoir Sybille Lemaire. Elle est d’abord directrice exécutive du groupe Bayard. Puis fondatrice du club Landoy, un think tank qui réunit un collectif d’entreprises autour des questions liées aux transitions démographiques.
Landoy est la contraction des deux premiers démographes français qui ont travaillé sur les effets du vieillissement en France. Adolphe LANDRI et Louise DUROI. Landoy est un collectif d’entreprise et d’acteurs publics et privés qui œuvrent depuis 2019 à répondre à plusieurs questions. Notamment celle de savoir comment œuvrer pour l’employabilité des seniors en France.
La première chose que nous avons mis en œuvre est une charte d’engagement envers les collaborateurs et collaboratrices de plus de 50 ans. Nous l’avons lancé en 2022 avec le groupe L’Oréal. Nous avons aujourd’hui 51 entreprises signataires et notre objectif est d’en avoir 100 pour le mois de juin 2024. Que prévoit cette charte, qui est téléchargeable et ouvrable pour toutes les entreprises. Toutes les entreprises peuvent nous rejoindre et la signer.
C’est d’abord communiquer et rendre compte vis-à-vis des seniors. Notamment de ceux dans les entreprises qui ont ce sentiment de non-reconnaissances ou d’assignation à des postes insatisfaisants pour eux. Il s’agit de leur dire que nous les reconnaissons, qu’ils sont visibles, que nous allons les accompagner, agir avec eux. Nous allons agir sur des éléments très concrets à savoir les enjeux de formation ainsi que les questions de santé. La question de l’usure professionnelle, la question des aidants et se soucier d’une préparation à la retraite. Peut-être que nous y reviendrons beaucoup plus tôt que ce que nous faisons aujourd’hui en France.
Dans un premier temps, nous faisons un constat. Les seniors glissent progressivement, dans un certain nombre d’entreprises, du côté de la diversité et de l’inclusion. Donc pour répondre à cette question de discrimination, nous avons fait des études pour un certain nombre d’entreprises. Et ce en France et à l’international pour leurs filiales. On observe, effectivement, que l’âge reste l’élément discriminant le plus fort. Pour autant, c’est le plus faible objet de saisine au niveau du défenseur des droits. En somme, cela signifie que c’est un sujet bien ancré dans notre culture. Et que, par conséquent, nous ne voyons pas l’intérêt de saisir le défenseur des droits sur un sujet comme celui-là. Le travail le plus long que nous aurons à faire au sein du club sera la transformation culturelle. Et ce à tous les niveaux de l’entreprise, sur tous les échelons de l’entreprise.
Je ne dis pas que ce soit la seule réponse. Nous, nous pensons qu’un index est nécessaire. En tous cas, nous faisons notre propre index qui sera rendu public au 2è trimestre de 2024. Nous travaillons avec l’Ifop et Jérôme Fourquet. Il n’est certainement pas complet. Cependant nous avons commencé par émettre quatre niveaux d’indicateurs.
Le nombre de seniors : le connaitre est déjà important. Cela se fait également avec une forme de granularité. Sur quel métier ? Dans quelle région ? Quel est le taux de recrutement des seniors (qui n’est pas bon) ? Quel est le taux de formation ? Et le taux de mobilité qui nous a semblé intéressant d’étudier. Nous pourrions y rajouter les écarts d’âge et beaucoup d’autres choses mais c’est une base de départ.
C’est un sujet qui est un peu nouveau. Notamment car nous avons un taux de natalité qui baisse. Il est aujourd’hui à environs 1,82. Nous allons nous retrouver avec moins de jeunes sur le marché du travail. Et puis il y a la volonté de maintenir les seniors plus longtemps. Donc vous avez raison, nous aurions un vivier de ce côté-là
Mais là aussi, il y a un enjeu de transformation culturelle.
Combien de temps allons-nous effectivement continuer à voir une entrée uniquement par l’unique prisme de l’âge ? Ce prisme de je né, je grandis, je m’éduque, je travail, j’arrête de travailler et je meurs. Il faut une prise en considération, qui est d’ailleurs celle de mes collaborateurs, d’étapes de vie. L’entrée en parentalité recule. Nous avons aussi la question des aidants. L’âge d’entrée en aidance est à 37 ans et demi aujourd’hui.
En effet, il va y avoir des à-coups vis-à-vis de l’entreprise. Ces dernières ont aujourd’hui un vivier de personnes qui ont des expertises, du recul et la capacité de transmettre. C’est tout cela qu’il faut valoriser.
Alors, certain nombre d’entre elles ont mis en place des programmes avec des actions extrêmement précises. Notamment La Poste avec son programme sur les aidants. Ou Axa sur la question de l’usure professionnelle. Il y a également le brevet de secourisme en santé mentale. C’est un sujet qui revient et qui monte beaucoup dans les entreprises. Il y a également « l’audace n’a pas d’âge » (podcast proposé par Axa [ndlr]), qui me plait particulièrement. En effet, il répond aux soucis de représentation et d’incarnation. Si vous avez un épisode à regarder c’est celui avec David Douillet. Il démontre que nous pouvons parfaitement avoir été judoka dans une première vie et assureur dans une deuxième. Il est disponible sur l’ensemble des plateformes.
Il y a également le programme de L’Oréal « for all generations ». Il démontre que la question de l’âge dépasse les frontières car ce programme est déployé jusqu’en Chine.
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