Directrice du conseil chez Diot-Siaci, Myriam El Khomri revient sur les résultats de deux études sur l’absentéisme que le cabinet de conseil a présenté le 24 mars dernier.
Quels sont les principaux enseignements de votre enquête sur l’absentéisme ?
Tout d’abord, pour mémoire, nous avons mené deux enquêtes. Une première, avec l’IFOP et Jérôme Fourquet sur 3000 salariés. Ainsi qu’un observatoire statistique, porté par Diot-Siaci, sur les années 2018 à 2021 portant sur 470 000 individus.
Globalement, les enquêtes montrent est que le taux d’absentéisme en 2021 est en baisse. En effet, il est d’environs de 4,94%.
Néanmoins, il est en augmentation chez les plus jeunes, les 25 – 34 ans. De plus, la durée moyenne de l’absence augmente notamment chez les cadres.
Donc, nous observons une récurrence des causes d’arrêts.
Tout d’abord, le Covid représente environs 44% des arrêts en 2021. Ensuite, les troubles musculosquelettiques représentent 15%. Puis, les risques psychosociaux (et nous avons de vraies alertes sur cette question) représentent 14%. Enfin, les accidents du travail représentent 12%.
Par conséquent, ce que montre l’enquête complétée par l’étude qualitative que nous avons mené avec l’IFOP, c’est que nous avons encore, en France, de vrais sujets autour du manque de reconnaissance des salariés. Ceci est une constante depuis de nombreuses années.
Lorsque nous nous comparons aux salariés britanniques ou allemands, nous avons un vrai point de vigilance sur le stress au travail qui est également mis en lumière dans cette enquête.
En somme, 35% des salariés ont eu au moins une absence durant l’année 2021.
Quel est l’impact du télétravail sur l’absentéisme ?
Avant tout, rappelons que 35% des salariés sont en télétravail et ce sont majoritairement des cadres.
Par conséquent, l’analyse du lien entre le télétravail et l’absentéisme peut être biaisé. En effet nous savons que le taux d’absentéisme des cadres est plutôt moindre.
Toutefois, 79% des salariés en télétravail sont satisfaits de l’organisation.
Cependant, 50% des travailleurs éprouvent un sentiment d’isolement et rencontrent des difficultés à concilier la vie personnelle et professionnelle
Quelles actions de préventions les entreprises doivent-elles déployer en priorité ?
Tout d’abord, les deux études montrent qu’il y a une forte attente des salariés sur des dispositifs de prévention.
Leurs attentes sont souvent relatives à des actions de prévention sur les tms (troubles musculo squelettiques) ou rps (risques psycho sociaux).
Toutefois, nous constatons qu’il y a 80% des entreprises, qui ont mis en place, par exemple, une ligne d’écoute psychologique. La réalité c’est que 40% des salariés estiment que ce type de mesure est importante. Par conséquent, nous avons une différence entre ce que mettent en place les entreprises et le ressenti des salariés.
De ce fait, nous avons un sujet d’accessibilité de ces services. Voire, de communication et de visibilité sur l’ensemble des services qui peuvent être menés
Il y a également une forte attente sur l’aide aux aidants. Ce que montre globalement l’ensemble de ces études, c’est que 50% des salariés ont le sentiment que le travail a un impact sur leur santé physique. 60% sur leur santé mentale.
En conclusion, il est important de considérer que l’entreprise est évidement un territoire de prévention. Mais il est également important d’avoir des stratégies différenciées selon le métier et la catégorie de salariés. Ce qui est encore plus important, c’est d’avoir des vraies stratégies ciblées par métier pour obtenir des vrais leviers pour lutter contre cet absentéisme.
