Dans cette nouvelle vidéo, nous allons aborder la question de l’intelligence artificielle et plus particulièrement des IA génératives. Nous verrons quel est leur impact sur le marché de l’emploi ainsi que sur le domaine des ressources humaines. Il y a quelques semaines, l’intelligence artificielle faisait ses premières victimes sur le marché de l’emploi en France. La société spécialisée dans les outils de communication, Onclusive, annonçait un plan social concernant 209 de ses salariés. Ils seront tous directement remplacés par un logiciel d’intelligence artificielle.
Pour parler du sujet de l’intelligence artificielle, des IA génératives et des ressources humaines, j’ai le plaisir d’accueillir Cécile Dejoux. Professeure des universités au CNAM et affiliée à l’ESCP Business School. Elle est également responsable des formations RH et du master GRH et transition numérique du CNAM. Elle vient de lancer un MOOC intitulé « Chat GPT et IA mode d’emploi pour les manager et les ressources humaines ».
C’est vrai que les IA génératives bouleversent le travail. Succinctement en trois points.
Le premier point, c’est la vitesse. Car il y a énormément de possibilités de changer l’automatisation, l’individualisation, la création de contenu et aussi l’assistance au travail. Et ça va très vite. Alors en tant que manager, collaborateur ou RH, comment allons-nous concurrencer, réagir face à cette vitesse ? Est-ce qu’on va tenir le rythme ou pas ?
Le deuxième point, c’est la confiance. Ici au CNAM, nous sommes dans un endroit où nous avons un musée extraordinaire, celui de la conservation des objets. Auparavant, quand nous avions affaire à des objets. Je pense notamment à la machine à calculer. L’objet vous donnait toujours la vérité, le pèse-poids, normalement vous donne votre poids à 500 grammes près. Or, aujourd’hui, lorsque nous allons interagir avec ces IA génératives, nous rentrons dans un monde où il y a 60, 70 % de vrai et 30 à 40 % de faux. Par conséquent, l’objet ne va plus être la vérité en tant que telle. Et c’est un vrai sujet par rapport à la confiance en la machine que nous allons devoir appréhender.
Le troisième point c’est comment rester à jour ? Il y a tellement d’objets et d’outils qui sont aujourd’hui très intéressants, palpitants voire transformants. Comment, en tant que manager ou collaborateur, peut-on avoir l’information ? Et comment avoir le temps d’apprendre à les utiliser pour être optimum dans la valorisation de ces outils ?
Donc je crois vraiment qu’il y a ces trois points : la vitesse, la confiance et l’appropriation qui sont déjà des chalons à poser.
Oui c’est une magnifique opportunité et, en même temps, il y a des vrais dangers. Il faut les connaître pour les éviter. Je pense au danger de l’épuisement psychique. Les études et recherches montrent plusieurs choses.
Plus on travaille avec des IA génératives, plus on peut avoir un problème de confiance en soi. Mais également des problèmes de réactivité, d’apprentissage et de doute. Le doute car nous nous disons que l’IA n’est jamais malade. Elle va de mieux en mieux et elle apprend toujours et moi je n’ai pas le temps de tout ça. Nous sommes des êtres humains avec nos limites et nos fragilités.
Je crois que ce qui est important c’est, à la fois, d’apprendre à être IA compatible. C’est d’apprendre à savoir quelles sont les compétences pour maîtriser les IA et les IA génératives. Et en même temps, c’est d’équilibrer notre temps vers des compétences que j’appelle « de centrage », le care-management. Et ce, pour reprendre le pouvoir sur ce qui fait notre humanité. C’est-à-dire la mémoire, l’attention, la gestion de notre temps et de nos priorités. Et c’est à ce seul équilibre que nous pourrons vraiment rester employables. Il faut faire les deux en conscience.
Les RH jouent un rôle majeur dans la transformation des métiers. Avec l’IA générative ou avec tout autre disruption.
Premièrement, il faut qu’ils soient le vecteur de la stratégie de l’entreprise. Que souhaite l’entreprise ? Est-ce qu’il y a une charte éthique vis-à-vis des IA génératives ? Est-ce qu’il y a des do et des don’t (ce que nous avons le droit de faire ou pas) ? A-t-on le droit d’utiliser Chat GPT ou pas ? Ce qui est recommandé mais dans des espaces spécifiques, par exemple des Labs d’innovation. Déjà ce sont des courrois de transmission pour rappeler le cadre. Stratégie, éthique et comportement.
Deuxièmement c’est d’inspirer les collaborateurs avec une conférence qui donne la big picture avec des ateliers qui permettent de tester. Avant de se lancer dans la transformation, il faut voir les avantages pour l’entreprise, le collaborateur, le client, le fournisseur…. Car c’est inutile de tout mettre sur le format de l’IA générative alors que parfois ce n’est pas nécessaire.
Troisièmement, sur les métiers, se mettre en collectif. En effet, on ne peut travailler la transformation des métiers qu’avec le collectif. Se demander ce qu’on peut laisser faire aux IA génératives. Par exemple elles peuvent répondre à des questions avec un chatbot. Ou encore automatiser certaines tâches dans le processus de paye. Pour les recrutements, de pouvoir scanner des CV pour avoir plus rapidement les bons profils. Pour la formation, je vais faire des vidéos et améliorer le son avec une IA générative, ou faire de la doublure, ou de la traduction…
Vraiment, sur certains métiers, se demander quelles sont les tâches que nous laissons aux IA génératives. Ensuite quelles sont celles où elle va m’assister, et celles où, au contraire, nous allons générer de la valeur ajoutée. Et grâce à elles nous allons pouvoir faire des choses nouvelles. Ce sujet est passionnant car l’ultime objectif de l’IA générative c’est l’automatisation, la personnalisation. Et là, il faut bien réfléchir à la valeur ajoutée de l’homme. En effet, en réalité, certaines tâches pourront être automatisées et individualisées. Donc c’est vraiment en trois temps. Stratégie – test and learn – transformation des métiers en lâchant sur certaines tâches et en reprenant le pouvoir sur d’autres.
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