Je suis ravi de vous présenter cette vidéo consacrée aux questions sociales qui entourent le JO 2024. Afin d’en discuter, j’ai le plaisir d’accueillir Bernard Thibault. Il co-préside, depuis 2018, le comité de suivi de la charte sociale des Jeux Olympiques et Paralympique de Paris 2024.
Il siège également au sein du Comité d’Organisation des Jeux. De plus, il est au Conseil d’Administration de la Solideo, l’établissement public chargé des infrastructures construites. Bernard Thibault, qui a été secrétaire général de la CGT de 1999 à 2013, vient de publier aux Éditions de l’Atelier, Dans les coulisses des JO, sous-titré « Mon engagement pour des jeux socialement exemplaire ».
La Charte sociale est composée de 16 engagements. C’est une première dans sa conception. Jamais, dans l’organisation des Jeux Olympiques, il n’avait été envisagé d’avoir des engagements sur le plan social. Ça peut paraître un peu curieux, mais c’est ainsi.
Nous le devons aux organisations syndicales françaises qui ont, dès la phase de candidature, été engagées. En France, réputée pour les droits sociaux, si des jeux devaient être organisés, nous devions prendre des engagements. Et, ce, afin qu’ils soient favorables à l’emploi, à la formation, au respect des droits sociaux des travailleurs. Mais, également mettre des attentions en matière de sécurité, de dignité et de non-discrimination.
Elles se sont intéressées aux trois phases qui entourent les jeux. Tout d’abord, leur préparation. Puis leur déroulement : dans quelles conditions les personnes vont travailler pendant les Jeux Olympiques. Et, l’après, c’est-à-dire, concevoir des Jeux olympiques qui soient aussi profitables pour la population, notamment en matière de formation professionnelle.
Que ces Jeux soient, un tremplin pour une partie de la population pour l’après Jeux Olympiques.
Le bilan partiel que nous pouvons actuellement faire, repose principalement sur ce qui s’est fait sur les chantiers de construction.
Il y a environ 30 000 salariés qui ont travaillé sur les différents chantiers. Pour le village des athlètes, pour la piscine, les stages à réaménager… Et, là, nous avons eu une action conjointe des organisations syndicales et de la direction de la Solideo. Deux impératifs ont été énoncés comme des priorités pour tous les opérateurs. Tout d’abord, la sécurité des personnels, ensuite la lutte contre le travail illégal. À noter, le bâtiment et les travaux publics font partie des filières où cette pratique est cependant trop répandue. De ce point de vue-là, nous avons des résultats probants. En effet, il y a une conjonction d’éléments et de mobilisation qui ont permis un taux d’accidents assez faible. Il y a eu 167 accidents dont 27 graves sur les chantiers. Ce sont, en effet, encore trop d’accidents. Cependant, rapporté à la proportion en général des chantiers en France, il y a eu quatre fois moins d’accidents du travail. Les dispositions prises prouvent qu’il est possible de faire reculer l’accidentologie dans cette filière.
Quant à l’insertion, l’objectif était de maximiser l’accès à l’emploi pour les individus souvent désignés comme « éloignés de l’emploi ». Au total, 3 800 contrats ont été signés avec des personnes au chômage depuis plus d’un an. Parmi ces personnes, 1 800 résidents en Seine-Saint-Denis.
Ce sont donc 1800 emplois pour la Seine-Saint-Denis, qui sont temporaires pour l’instant. Notre prochain défi sera donc d’accompagner les personnes qui auront pu, à cette occasion, être formées. Ainsi, elles pourraient peut-être trouver un emploi plus pérenne après les Jeux Olympiques.
Certes, mais l’engagement syndical est parfois fait d’un peu d’utopie. Il y a parfois des objectifs que l’on considérait hier inatteignables. Mais, par la vie et de la mobilisation, ils deviennent finalement incontournables. Je pense que les évènements sportifs, ne pourront plus faire comme auparavant. C’est-à-dire ignorer les enjeux liés à l’environnement ou aux enjeux sociaux.
Nous avons eu les scandales de la Coupe du Monde de foot au Qatar avec des milliers de morts sur les chantiers. Nous avons eu l’organisation des JO dans des pays peu regardants sur les droits sociaux. Le mouvement syndical français, mais également une partie des organisations patronales, ont des espoirs pour l’avenir. Ils visent les grandes institutions sportives internationales comme le CIO ou la FIFA. Les autres organisateurs privés de grands évènements sont aussi concernés. L’expérience française démontre que l’intégration d’objectifs sociaux et environnementaux est réalisable. Ces objectifs devraient être envisagés différemment pour l’organisation future des événements.
De ce point de vue-là, nous coopérons aussi avec l’Organisation internationale du travail. Elle cherche aussi à faire évoluer le respect du droit à l’occasion de ces grands évènements. En effet, ils ne peuvent pas être que des évènements marchands pour quelques grandes firmes. Ils se doivent d’être au diapason des préoccupations sociales.
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